🎞 FOCUS : Crise en Nouvelle-Calédonie, des nouvelles du secteur audiovisuel

Alors que la Nouvelle-Calédonie voit sa situation politique et économique continuer de s'effondrer depuis le mois de mai, entre tensions sociales et violences, les professionnel.les de l'audiovisuel calédonien se sont regroupés le jeudi 27 juin afin de poser sur la table les problématiques du secteur induites par la crise.

Le marché audiovisuel calédonien : une filière déjà précaire  

Pour rappel, le marché audiovisuel calédonien c'est 100 entreprises actives appartenant à la filière, dont: 👉 58% de patentés (entreprises individuelles et freelance),  👉 32% organisés en SARL;  👉 8% sont employés ; 👉 34% des acteur.ices de la filière porte une double casquette, à la fois producteur.ices et technicien.nes.  🚫 Pour rappel, le statut d'intermittence n'existe pas en Nouvelle-Calédonie en raison d'un modèle de sécurité social indépendant de celui de la France (ce qui implique aucune obligation d'heures, des rémunérations non-encadrée par une convention collective, aucune rémunération en cas de chômage et une absence de cotisation à la caisse des retraites), les producteur.ices de fiction, documentaires et flux TV dépendent uniquement du financement de leurs projets par les chaînes nationales et le fonds de soutien de la NC. 

📉 La situation du secteur face à la crise  Les sociétés de production relevant du secteur publicitaire et institutionnel se confrontent aux conséquences de la crise locale. Suite aux récents évènements et à la destruction de près de 300 entreprises, le budgets alloués à la communication publicitaire des entreprises locales sont en berne au vu de la baisse de la consommation globale. Toute l'économie calédonienne est dorénavant tournée vers sa reconstruction. Ainsi, une majorité de professionnel.les se retrouvent poings et mains liés, leurs divers projets bloqués et conditionnés à un retour au calme (et qu'on ne voit pas arriver de si tôt), malgré les frais déjà engagés pour certains.

💰 Concernant le Fonds de Soutien de la Nouvelle-Calédonie, pot commun entre les différentes provinces du territoire, le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, les diffuseurs et les opérateurs de télécommunication, et soutien principal à la filière avec environ 870 000 € alloués chaque année, ce dernier serait considéré comme un budget d'investissement (et non de fonctionnement), ce qui devrait permettre de sécuriser les aides attribuées aux productions lors du premier comité décisionnel 2024. 

Cependant, les professionnel.les déplorent un manque de réactivité de la part des institutions et une lenteur administrative quant aux versements de ces aides qui est, aujourd'hui, l'unique source de trésorerie pour certaines sociétés de production. Les productions extérieures (métropolitaines comme étrangères), déjà faibles au vu de la distance géographique du territoire, ne sont aujourd'hui plus envisageables sans retour à une stabilité politique et sociale.

Les conséquences de l'absence d'une collaboration étroite de la collectivité calédonienne avec le CNC, un lien qui peine encore aujourd'hui à être entretenu, retombe aujourd'hui sur les acteur.ices de la filière.

    Depuis 2020, la filière audiovisuelle et cinématographique calédonienne tente de se développer et de s'ouvrir aux mondes. Entre multiples tables-rondes et rencontres poussant à des changements structurels et à la professionnalisation du secteur, la crise politico-institutionnelle systémique à la vie politique calédonienne continue d'impacter durablement la profession, et les efforts mis en œuvre pour structurer la filière sur le territoire. 

Bibliographie: 

Etude du marché audiovisuel et cinématographique de Nouvelle-Calédonie - Juillet 2022https://radiococotier.nc/wp-content/uploads/2023/04/etude-de-marche-v8.pdf